L’évolution de l’Examen Bucco-Dentaire (EBD) en 2025 : opportunités, défis et impacts cliniques
Introduction
Depuis le 1ᵉʳ avril 2025, l’Examen Bucco-Dentaire (EBD) en France connaît une évolution majeure : l’intervalle entre les examens est désormais annuel pour les jeunes de 3 à 24 ans (au lieu de tous les trois ans précédemment), et de nouveaux outils ont été mis à disposition pour faciliter sa mise en œuvre par les chirurgiens-dentistes. Ameli
Cette réforme vise à renforcer la prévention dentaire chez les jeunes générations et à détecter plus précocement les pathologies bucco-dentaires. Pour les praticiens, elle ouvre de nouvelles responsabilités et nécessite des adaptations. Dans cet article, nous analysons les mesures introduites, les bénéfices attendus, les défis pour les cabinets et les pistes de réussite.

1. Qu’est-ce qui change avec l’EBD 2025 ?
1.1 Fréquence d’examen accrue
Jusqu’à 2024, les jeunes de 3 à 24 ans pouvaient bénéficier d’un examen bucco-dentaire tous les trois ans. À partir de 2025, cet examen devient annuel pour cette tranche d’âge, dans le cadre du dispositif « M’T dents tous les ans ». Ameli
1.2 Actes et soins associés
L’EBD reste centré sur l’examen clinique, l’anamnèse et la délivrance de conseils de prévention. Mais il peut désormais être complété, selon le risque carieux ou la situation clinique, par :
- radiographies intrabuccales,
- soins conservateurs,
- soins chirurgicalement simples (dans la limite des actes autorisés),
- détartrage ou pose de vernis fluoré, selon le besoin. Ameli
Les soins additionnels doivent être réalisés dans les 6 mois suivant l’EBD pour que le patient bénéficie du tiers payant. Ameli
1.3 Nouveaux outils mis en place
Pour accompagner cette réforme, plusieurs dispositifs sont introduits pour les praticiens :
- un guide de l’EBD (PDF) structurant les messages de prévention selon l’âge et le profil de risque. Ameli
- un téléservice “Examen bucco-dentaire” dans l’environnement des praticiens, pour vérifier l’éligibilité du patient, saisir les résultats et transmettre les données. Ameli
- un mémo de facturation actualisé pour les actes rattachés au dispositif « M’T dents tous les ans ». Ameli
Ces outils facilitent la conformité administrative tout en structurant la démarche clinique.
2. Bénéfices attendus pour la santé publique et pour les cabinets
2.1 Prévention renforcée dès le plus jeune âge
Une surveillance annuelle permet de :
- détecter les atteintes carieuses ou parodontales tôt,
- intervenir avant que les lésions ne deviennent irréversibles,
- sensibiliser les jeunes et leurs familles aux bonnes pratiques d’hygiène bucco-dentaire.
Sur le long terme, l’objectif est de diminuer le fardeau de la carie et d’améliorer le “capital dentaire” des générations futures.
2.2 Amélioration de l’adhésion au suivi
Le lien annuel crée une habitude de suivi et fidélise le patient au cabinet dentaire. Cela peut favoriser :
- la planification régulière de contrôles,
- la cohérence entre la prévention et les soins,
- une meilleure relation praticien-patient, avec un rôle éducatif renforcé.
2.3 Opportunités pour le cabinet
- augmentation du volume d’examens» pour une clientèle jeune,
- possibilité de proposer des soins précoces de prévention,
- valorisation de l’expertise préventive du cabinet,
- meilleur reporting grâce aux outils numériques et téléservices.
3. Enjeux et défis pour les praticiens
3.1 Charge de travail et adaptation du flux
Passer d’un examen tous les trois ans à tous les ans exige de redéployer du temps clinique, d’ajuster les plages horaires et d’anticiper les surcharges potentiellement générées.
3.2 Formation et alignement des pratiques
Les praticiens devront intégrer les messages de prévention selon les âges (0-2 ans, 3-5 ans, 6-12 ans, adolescents, jeunes adultes) et adapter leur discours selon les facteurs de risque. Le guide fourni est essentiel, mais l’appropriation demandera du temps.
3.3 Rémunération et contraintes administratives
Même si le dispositif prévoit des actes pris en charge (tiers payant sous conditions), la facturation associée devra être rigoureusement appliquée, avec un respect des délais et des critères définis. L’actualisation du mémo de facturation aide dans cette démarche. Ameli
3.4 Risques de surcharge pour les jeunes adultes “sains”
Tous les jeunes n’auront pas de pathologie. Il faudra veiller à ne pas noyer les cabinets dans une “gestion de dossier sain” inefficace, mais à privilégier des examens rapides et efficaces pour ces segments.
4. Impacts cliniques pratiques : recommandations pour les cabinets
4.1 Intégrer les patients 3-24 ans dans une stratégie de suivi annuel
- Créer une file dédiée ou un protocole de rappel automatisé pour les 3-24 ans.
- Préparer dans le dossier patient les “messages de prévention” à délivrer selon l’âge (alimentation, fluor, brossage, habitudes de vie).
4.2 Utiliser les outils numériques et téléservices
- S’approprier le téléservice “Examen bucco-dentaire” pour la saisie, la vérification de l’éligibilité, et la transmission des données.
- Intégrer le guide EBD dans les routines cliniques pour assurer cohérence et conformité.
4.3 Planifier les actes complémentaires
- Définir les critères de déclenchement d’un acte (radiographie, scellement, vernis, traitement conservateur) suivant le bilan.
- Prévoir des plages réservées ou des “créneaux soins” pour les jeunes avec besoin détecté.
4.4 Suivre les indicateurs et ajuster
- Mesurer le nombre d’EBD réalisés, les taux de soins associés, les délais de réalisation.
- Comparer les résultats annuels pour évaluer la charge et adapter les effectifs.
4.5 Communication auprès des patients & sensibilisation
- Informer les patients de 3 à 24 ans de ce droit à un examen annuel via communication (site web, réseaux sociaux, affichage).
- Expliquer les bénéfices de la prévention précoce pour encourager la participation active.
5. Limites et points de vigilance
- Tous les actes complémentaires ne seront pas pris en charge automatiquement : bien veiller aux critères d’éligibilité.
- Le dispositif concerne spécifiquement les jeunes de 3 à 24 ans : pour les patients adultes au-delà, les modalités restent inchangées.
- L’adoption des outils et services numériques dépendra de la familiarité des praticiens et des contraintes logicielles ou techniques.
- Le succès dépendra de l’adhésion des patients, en particulier dans les populations éloignées des soins.
Conclusion
L’évolution de l’EBD en 2025 marque un tournant significatif dans la politique de prévention dentaire française. En rendant obligatoire un examen annuel pour les 3-24 ans et en fournissant des outils numériques et de facturation, les autorités cherchent à renforcer la détection précoce et la prévention. Si cette réforme offre des opportunités pour les cabinets — fidélisation, volume, rôle éducatif — elle impose aussi des ajustements importants : organisation, formation, gestion des flux et rigueur administrative.
Les praticiens qui sauront anticiper et structurer leur approche tireront le meilleur parti de cette réforme au bénéfice de la santé bucco-dentaire de leurs patients.

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